Concilier opérationnel, développement et mise en place de projets SI : mission impossible ? Non. Si certains a priori ont toujours cours, ils ne correspondent plus à la réalité. Une transformation digitale n’est pas forcément une révolution : elle peut être une évolution menée par le DAF.
« Des projets trop longs, trop couteux », « cela génère beaucoup de stress car il faut tout réapprendre » « le ROI est incertain », « on ne perçoit pas les gains de productivité » : tels sont les ressentis des entreprises face à la transformation digitale. Des reproches qui peuvent expliquer pourquoi plus de 3/4 des ETI et PME n’en sont qu’au stade de « Développement » de leur transformation digitale alors que cet enjeu est jugé comme essentiel dans bon nombre de secteurs (cf. Baromètre de la transformation digitale des entreprises de l’Institut Mines-Télécom). Et que des solutions pour une transformation efficace et efficiente existent désormais. Le cloud a changé bien des choses et « les parcours des utilisateurs sont bien plus simples. L’ergonomie s’est beaucoup améliorée, souligne Philippe Le Roc’h, directeur de projets PASàPAS, et les outils sont tournés métier, ce qui facilite l’appropriation ».
En entreprise, une fonction apparait comme particulièrement convaincue du caractère essentiel de la transformation digitale : la fonction finance, comme le relève notamment Trends of Finance 2023. Selon cette étude réalisée par Daf magazine en association avec BDO et avec le soutien de FiPlus, plus de deux tiers des DAF font d’ailleurs du management de la donnée leur sujet prioritaire. Un choix qu’ils lient à la nécessité d’un pilotage plus fin et plus agile, requis par les crises successives.
Pourquoi le DAF a un rôle clé dans un (bon) projet de transformation digitale
De fait, il y a encore quelques années le DAF était avant tout sur du long terme : « projection ou bilan on attendait de lui du recul, une capacité à mesurer le chemin parcouru » comme le décrit Aurélien Nicoletti, DAF France de Talan. Cette exigence le portait logiquement à « adopter avant tout une posture de gardien du temple, investi sur des missions telles que la qualité des données, la compliance ou encore la communication, relève Patrice Vatin, responsable Services Financiers et Voyages & Transports, SAP France. Ces missions traditionnelles coexistaient avec d’autres, plus proches d’un business partner ». « Le soutien aux opérations a toujours existé, poursuit Aurélien Nicoletti, mais du fait des crises successives, notamment celles liées à la Covid-19 et au conflit en Ukraine mais aussi en raison de l’apparition de certains outils, ce soutien se traduit par une nécessité de répondre plus vite ».
Faire plus vite et dans un environnement plus complexe conduit à une accélération des process. Un budget à peine sorti est déjà obsolète. Les exigences vis-à-vis de la fonction finance sont donc plus fortes et plus variées : elle doit sortir du périmètre maitrisé, être encore plus près des métiers, garantir la stratégie RSE, délivrer de l’advisory, de l’anticipation, de l’interprétation, sécuriser l’évolution du business model, voire de sa transformation. Toutes ses attentes expliquent pourquoi le DAF a besoin de transformation digitale, pourquoi il a un rôle clé pour lancer celle-ci mais aussi pour la conduire sans nuire au développement de l’entreprise.